LIBERTÉ-ÉGALITÉ-FRATERNITÉ

L’Évangile selon Marianne

Par Jean-Pierre Nucci 

La recherche des origines, de la source, la compréhension des influences tourmente les pensées. Qui suis-je ? D’où viens-je ? Qui sont mes maîtres ? Cette quête d’identité de soi-même est aussi valable pour les sociétés. Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Qui sont nos mentors ?

Dans l’ensemble du monde chrétien, cette quête de la sagesse passe par l’Évangile.

Sur notre territoire, sa lecture informe du lien étroit reliant Marianne et le sacré. Voilà de quoi faire pâlir le laïcat dans son ensemble. La surprise est de taille. Et pour cause. Elle reviendrait à croire que la République est compromise avec l’Église. Mais non allons ! Quelle vision réductrice de la réalité. La source évangélique reste propre de toute déformation cléricale. Là, au plus près de la fontaine, les manuscrits se révèlent dans leur pureté. Leur décryptage confirme à l’évidence ce lien. Il éclaire de sa lumière les modérés, les humbles, les incertains.

En France, le temporel s’est détaché du spirituel en 1905. La loi de l’Église ne fut plus la loi du peuple. La mission incomba au Parlement élu. Cela perdure. Dieu n’a plus rien à voir avec le droit. Et pourtant, le doute subsiste. Voyons cela de plus près.

Le préambule de la Constitution fixe la doctrine philosophique de la nation. Il y va de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen comme de la devise constitutionnelle, Liberté-égalité-fraternité. Entendu. Mais d’où provient cette philosophie. De l’Évangile messieurs, dames ! Hé oui, les principes républicains s’incarnent en Jésus à bien des égards. Allons plus loin dans l’exégèse.

Dans le monde antique où peu de libertés étaient permises, où la loi romaine et, en Judée, les préceptes religieux délimitaient la frontière de l’indépendance, la parole et les actes de Jésus restèrent libres. Au cours de son ministère, sa voix encouragea les pensées à suivre un autre chemin, à se défaire des dogmes préétablis. Ses actes contrevinrent aux règles édictées par Rome et le Temple. C’était un révolutionnaire.

Voilà pour la liberté.

« Il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume des Cieux. »(Matthieu. 19-16-26).

Cette parabole s’applique à chacun sans exception. Son approfondissement nous apprend que l’humilité conduit au Royaume de Dieu. Elle ne condamne personne et surtout pas le riche. On est tous le riche de quelqu’un et le pauvre d’un autre. Non, elle nous oblige à nous faire petit, à posséder « un esprit de pauvreté ». On le comprend, l’important n’est pas l’état absolu de la richesse, mais l’état absolu de l’esprit. Les orgueilleux sont trop gros, trop encombrés, ils ne peuvent espérer entrer dans le Royaume, mais les autres, tous les autres, oui.

Voilà pour l’égalité.

« Va trouver mes frères », dit Jésus à Marie-Madeleine, au matin de la Résurrection (Jean 20, 17). Mais qui sont ses frères ?

« Voici ma mère et mes frères. Car celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. » (Matthieu 12, 49-50) Ce message fraternel s’adressait à tous sans distinction de sexe, d’origine, de religion ou de statut social.

Voilà pour la fraternité.

On le comprend aisément, quoi qu’on en dise, quoi qu’on en pense, qu’on le réfute, qu’on l’admette, nos valeurs démocratiques viennent de là. Marianne est fille de l’Évangile. Certes, elle ne reconnaît plus sa mère, pense s’être affranchie de son éducation, mais, en ces temps incertains comme diraient les prédicateurs les plus pessimistes, elle n’hésite pas à s’en revendiquer.

Que faire contre l’offensive islamique, dictatoriale, à part trouver refuge dans nos valeurs. La lutte s’identifie à une randonnée menée sur un sentier battu par les règles de droit et la morale républicaine, donc chrétienne et biblique afin d’oublier personne.

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