Tour de corse en kayak au profit du bleuet de France et en mémoire du commando Kieffer.

En partenariat avec la Marine en Corse, la région de Gendarmerie Corse, la SNSM, la FOSIT (sémaphores) le CSLG, le CIRFA Marine et l’ONACVG de la Corse, deux militaires de COMAR en Corse, rattachés à Base Navale d’Aspretto d’Ajaccio, Maitre Principal Fabien Pott et Maître Kévin Veau, ont effectué un raid kayak ayant comme objectif le tour de la Corse pour le goût de l’effort, le dépassement de soi et la solidarité envers les soldats blessés en opérations et les victimes de guerre.

Le parcours composé de 16 étapes, point de départ et de retour à la base navale d’Aspretto a été bouclé du 14 juin au 2 juillet. Contraints de s’arrêter quelques heures pour conditions météo défavorables, ils ont été accueillis à chaque étape par les brigades de gendarmerie qui leur ont apporté logistique et logement ainsi que les sémaphores de Bonifacio et d’Ersa.

Ils souhaitaient par ce défi sportif, rendre un hommage aux Corses du Commando Kieffer : Jean Pinelli, Paul Mariaccia, Nicolas Poli, Laurent Casalonga, Pierre Giudicelli, Noël Ballaro,  afin que leurs noms ne tombent jamais dans l’oubli. Ces jeunes corses débarquèrent sur la plage de Sword Beach à Ouistreham à l’aube du 6 juin 1944 sous les ordres du Capitaine de Corvette Philippe Kieffer. Ils étaient les 177 hommes du CDO Kieffer, seuls français ayant débarqué le jour J, portant le béret vert à droite suite à une rude formation commando à Achnacarry en Ecosse.

Questions au Maître Principal Fabien Pott 

Pourquoi avoir décidé de faire le tour de Corse en kayak ?

Après avoir fait deux fois le GR20 et vu la Corse depuis ces sommets, il m’est venu l’idée de voir la Corse par sa façade maritime et découvrir son littoral. Mon choix s’est porté naturellement en tant que marin vers la mer.
J’avais envie de me mesurer avec humilité à celle-ci et de me lancer un défi sportif. Ma spécialité de fusilier marin m’a permis de préparer cette aventure, pour le dépassement de soi et de garder la tête froide quand la météo était défavorable. Rester aux ports par 3 fois car trop dangereux (savoir écouter les bons conseils des pêcheurs locaux du cap corse et d’avoir eu l’assistance de nos amis plongeurs à Galeria quand nous étions face à un vent d’Est qui nous poussait vers le large).   

Comment le commando Kieffer vous a-t-il intéressé ?

Fusilier marin de métier, ma formation à Lorient à l’école des fusiliers marins commandos m’a permis de connaître et de savoir qui étaient ces hommes qui ont rejoints le général De Gaulle en Angleterre.
Sous l’impulsion de leur chef : Philippe Kieffer, une rude formation commando en Ecosse à Achnacarry, va faire de ces 177 hommes le CDO Kieffer.
Les britanniques donnèrent l’honneur à ces soldats français de débarquer les premiers sous la mitraille allemande. Ils sautèrent des barges et ils montèrent à l’assaut, prêts à donner leurs vies sur cette plage de Normandie. La plage de Sword Beach à Ouistreham à l’aube du 6 juin 1944 se souviendra à jamais de ces hommes aux bérets verts.
Affecté à la base navale d’Aspretto, animateur JDC j’ai voulu faire partager à des jeunes corses ma connaissance de l’histoire militaire et faire également savoir que 6 corses ont participé au débarquement de Normandie le 6 juin 1944. N’oublions pas ces noms de ces héros : Jean Pinelli, Paul Mariaccia, Nicolas Poli, Laurent Casalonga, Pierre Giudicelli, Noël Ballaro, ils étaient corses et aujourd’hui nous nous devons de rendre un hommage à ces hommes, alors quoi de plus normal pour moi que de demander à ce qu’une stèle s’élève aujourd’hui sur un monument pour rappeler l’abnégation de ces commandos marines quand il a fallu mettre sa vie en danger pour sauver la France et chasser l’ennemi. 

Pourquoi avoir choisi le bleuet de France ?

J’ai choisi le Bleuet de France pour le devoir de mémoire, œuvre national, il représente le monument des Invalides, ce qui évoque pour un militaire : sa cour d’honneur pour les cérémonies militaires, son musée de l’armée et le tombeau de Napoléon I. Mais aussi les gueules cassés depuis 14-18 et l’aide à nos blessés en opérations extérieures, sans oublier les veuves, les orphelins et les victimes du terrorisme.
Originaire de Lorraine, je suis profondément marqué par le poids de l’histoire quand je foule le champ de bataille de Verdun et toutes ces croix devant l’ossuaire de Douaumont. Je n’oublie pas le sacrifice de tous jeunes corses qui montèrent aux fronts car nous avons tous dans nos familles des hommes et des femmes qui ont pris les armes dans la Résistance et dans l’armée pour chasser l’occupant et prendre part à des guerres. Notre devoir maintenant est de ne pas oublier l’histoire de nos anciens mais aussi de nos frères d’armes d’aujourd’hui. 

Comment avez-vous vécu les 16 jours en mer ?

« Homme libre toujours tu chériras la mer », pour un marin c’est un plaisir de prendre la mer, de naviguer sur l’eau et de partir à l’aventure.
Qui n’a pas rêvé un jour de savoir ce qu’il y a derrière la ligne d’horizon, de prendre le large et de découvrir le monde ?
On ne part pas comme ça en mer, il faut un minimum de sécurité : en cas de problème faire le 196 sur votre téléphone – CROSS en Corse qui lancera une alerte à tous les bateaux dans la zone afin de vous venir en aide le plus rapidement possible. Avoir une VHF sur canal 16. Informer les 7 sémaphores de Corse de votre passage (œil bienveillant qui veille sur vous et cela vous rassure).
Être équipé de feux de détresse, corne de brume, lampe à éclats et cyalumes fluorescents qui marquera votre position sur l’eau dans l’obscurité. La tenue est un élément essentiel, chapeau de brousse, lunettes de soleil, haut en lycra, bas de néoprène, ou bas de kimono blanc, chaussons néoprène. Le gilet de sauvetage très léger est à percussion gaz si besoin mais une pipette permet de le gonfler à la bouche (dans sa poche de côté, j’ai glissé un opinel, une lampe à éclat, un sifflet, un miroir de secours, cyalumes et ballons de couleurs pour signaler ma position.
Je suis relié au kayak par une sangle, et ma pagaie elle aussi est sécurisée au kayak par une dragonne.
Dans mon coffre avant j’ai disposé mes affaires dans des sacs étanches puis dans des sacs poubelles pour assurer une bonne étanchéité. Sur l’arrière du kayak un gros bidon pour de la nourriture.    
Voilà le programme d’une journée type : réveil vers 05h00, mise à l’eau des kayaks vers 05h30, 2 heures de pagaie puis une pause casse-croûte de 30 minutes, et on poursuit jusqu’à 12h00.
Il faut boire régulièrement à la pipette du camelbak et grignoter quelques noix de cajou ou amandes, barres de céréales pour donner du tonus. Vers 12h00, pause déjeuner sur une plage ou crique (point de situation sur la progression, il ne reste que quelques kilomètres mais le plus gros de l’étape est fait dans la matinée car la motivation est présente dans nos têtes.
A 13h00, reprise de la navigation pour finir l’étape du jour. Vers 15h30, arrivée sur la plage ou rampe de mise à l’eau, direction le camping de plage et installation du bivouac pour la nuit.

Quel est votre ressenti et vos souhaits aujourd’hui ?

Il n’y avait qu’un objectif : finir ce tour au-delà de la fatigue et des doutes. Il ne pouvait en être autrement. Ces hommes qui débarquèrent ce 6 juin 1944 n’avaient qu’un objectif : coûte que coûte se battre pour la Patrie. Leur rendre honneur en finissant ce parcours n’était que juste hommage. Il ne faut jamais oublier notre Histoire, il ne faut jamais oublier que ces jeunes hommes sont allés au combat et il faut l’expliquer aux jeunes générations. Notre dernière doléance est que pour entretenir ce devoir de mémoire soit érigée une stèle face à la mer.

Le Bleuet

Plus de cent ans après, le Bleuet de France poursuit sa mission de soutien moral et financier envers les anciens combattants, les victimes de guerres d’hier et d’aujourd’hui, notamment les blessés en OPEX (opérations extérieures) qui appartiennent à la 4ème génération du feu.
Il met aussi son savoir-faire au service de nouvelles victimes : celles des actes de terrorisme.
Les campagnes annuelles permettent à l’Œuvre Nationale du Bleuet de France (ONBF) de récolter les fonds nécessaires aux actions indispensables dans le cadre d’un soutien financier et moral individuel au profit des soldats blessés, ainsi qu’à leurs familles, aux veuves, aux pupilles de la Nation et aux victimes d’actes de terrorisme.
L’Œuvre participe également au financement de projets mémoriels.La directrice générale de l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre est présidente de l’Œuvre Nationale du Bleuet de France.

Pour revoir les différentes étape

L’article Tour de corse en kayak au profit du bleuet de France et en mémoire du commando Kieffer. est apparu en premier sur Journal Le Petit Corse.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*